Une lettre de ma mère

A mon arrivée en France, s’il y avait une chose qui me manquait le plus c’était ma mère (c’est encore le cas). Chaque soir je pleurais dans mon lit pour évacuer toute tristesse, je me sentais seule, orphelinisée (mot que j’ai inventé), expulsé des entrailles de mon cher pays bien aimé. La nouvelle vie que j’avais me plaisait point. Ma mère me manquait tellement qu’à chaque fois que je respirais j’avais mal en dessous de mes cotes, j’avais l’impression que mes cotes serraient trop fort mes poumons, mon cœur se contractait de douleur que je m’étouffais sous mon sweet-shirt. Chaque jour qui passe je voulais rentrer à Madagascar, à Diego Suarez, son air marin me manquait, les flamboyants rouge du mois Décembre fleurissaient mes souvenirs. Et les antsary mangue gasy et les Ro ny drakaka sauce (bouillon de crabe sauce) me faisait bavé toute seule pendant que j’attendais le bus pour aller à la Fac. Je m’évadais à chaque moment d’ennuie pour éviter de déprimer d’avantage.

Ma mère, mon éternel déesse terrestre savait ce que j’aimais, non les colis ni des appels chaque jours mais les LETTRES, elle m’écrivait à chaque fois qu’elle avait l’occasion de la faire. Elle me racontait ce qu’elle faisait en brousse, des nouveaux veaux de nos zébus; de cueillette de riz de mes tantes, de nouveaux models de vêtements qu’elle a fait pour les groupes de comédien de Zolobe. Tout cela m’avait aidé à atténuer mon manque de pays, ma nostalgie, mes sentiments de regret de temps passés .

Les lettres, elles, elles sont incommensurables, elles sont éternelles, elles ne sont pas éphémères comme les appelles et les skypes. D’ailleurs,  on a pas la même sensation de joie en recevant une lettre manuscrite et poster qu’un mail que joliment décoré soit-il.

Toutes les longues lettres de ma mère étaient réconfortantes, remplies de tellement d’amour, d’encouragements, des conseils, que pour me ressourcer chaque weekend je relisais ses lettres. Pour moi, les lettres ont un pouvoir incroyable que certaines personnes n’ont pas connue sa splendeur, ces lettres m’ont aidées à réussir mes examens, m’ont poussées à obtenir mes diplômes, m’ont aidées à surmonter mes peines et mes premiers chagrins d’amour. Ses lettres commençaient toujours par la même phrase « Ho any zanako tiako ». Je m’émoustillait des que je recevais ses lettres, que le temps me semble figer à l’instant ou je la lise, des images de chez moi, de mon pays, de ma brousse, de ma jungle malgache, de lazaret, de tanambao de bazar kely dansaient en défilement devant mes yeux. Une fois je l’ai fini humm je me sent apaisée, heureuse, car j’ai voyagé en laps de quelques minutes à travers ses lettres.

Les lettres de ma mère étaient magiques.

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